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Les pourquoi de la Guerre mondiale

Nous reprenons ici le titre donné par Mgr Delassus à son livre rédigé immédiatement après la fin de la Grande Guerre. Né en 1836, mort en 1921, il fut doyen du chapitre de la cathédrale de Lille, prélat de la maison Sa Sainteté (1904) et protonotaire apostolique (1911). Il collabora à La Semaine religieuse de Cambrai, dont il devint et resta propriétaire et principal rédacteur, de 1874 à 1914 et dans laquelle il publia un foule d’études, analyses et articles qui firent de lui l’un des principaux représentants de l’école dite « anti-libérale » et contre-révolutionnaire, attaquant sans relâche les démocrates-chrétiens et les francs-maçons. Il était disciple de Bonald, de Joseph de Maistre et émule de Louis Veuillot.
Il a publié des livres qui obtinrent de grands succès en leur temps, mais sont, aujourd’hui, complètement oubliés. Parmi eux, le plus marquant reste La conjuration antichrétienne : le Temple maçonnique voulant s’élever sur les ruines de l’Eglise catholique (1910). C’est à partir de 1919 qu’il rédigea, en trois gros volumes, Les pourquoi de la Guerre mondiale(sous-titré Les œuvres des hommes et les voies de Dieu, de la Renaissance à nos jours), ouvrage malheureusement interrompu par sa mort en 1921.
L’intérêt majeur de cette étude réside dans le fait qu’il ne s’agit pas du tout d’une analyse des relations diplomatiques ou politiques qui ont provoqué le déclenchement de la guerre, mais d’un exposé de la conception théologique de l’histoire, mettant en exergue les preuves du complot anti-catholique. Bien entendu, cette vision de l’histoire est totalement différente de celle habituellement présentée, sinon « imposée » par les chroniqueurs ou les tenants de la thèse « officielle ». Son but est d’apporter une réponse claire à la question Pourquoi en est-on arrivé là ?Quelles sont les causes des calamités qui nous frappent et quelles en seront les suites.
Il donne deux grandes lignes directrices à sa démonstration :
1/ Les péchés de la France.
2/ Vers un gouvernement mondial.
Pour la première partie, il apporte les preuves que l’on ne prend pas suffisamment au sérieux la vie chrétienne, laissant trop libre cours à l’esprit matérialiste et mondain. Le couperet tombe de manière implacable : la France a subi un châtiment terrible du fait de sa culpabilité en n’ayant pas tenu le rôle providentiel qui lui avait été confiée de Fille aînée de l’Eglise, ayant reçu une mission divine à remplir. Il rappelle à ce propos les paroles prononcées par saint Rémi, lors du baptême de Clovis : « Je me réserve cette Nation : quand elle sera coupable, elle sera châtiée, mais ne périra jamais ». Mgr Delassus y ajoute ce commentaire : les tribulations de la guerre sont un remède en vue de la guérison et non un châtiment pour provoquer la mort.

Le châtiment est tombé en raison des péchés des hommes et des familles, en particulier (orgueil et volupté), mais aussi des péchés de la nation dans son ensemble. Depuis la révolution satanique de 1789, la France est soumise à l’emprise du démon et si s’est manifesté, de ci, de là, un élan de dévotion, ce ne fut qu’un réveil du sentiment religieux qui n’a rien à voir avec le réveil de la foi. La leçon des épreuves de 1870 et de ses conséquences, suite nécessaire des désordres qui régnaient dans les idées et les mœurs (qui était destinée à rétablir le règne de la vérité), est restée incomprise. Les péchés de la nation retombent sur l’ensemble de la population, avec des effets et conséquences graves.
Soumis à l’influence et à la pression des loges maçonniques et des sociétés secrètes, les responsables politiques ont mis en place et imposé une série de mesures d’apostasie générale que l’on peut résumer rapidement comme une entreprise satanique de retour à des mœurs païennes afin de poursuivre et d’accélérer l’anéantissement du catholicisme : corruption de la femme, développement de l’esprit mondain, empoisonnement des âmes dans les  lettres, les arts et les spectacles, négligence et abandon de la sanctification du dimanche (par la multiplication des fêtes et occasions de plaisirs), facilitation du divorce, incitation à la baisse de la natalité, suppression et destruction de tous symboles religieux dans les lieux publics, déconsidération du clergé, séparation de l’Eglise et de l’Etat, laïcisation de l’enseignement, séduction de la jeunesse, désorganisation de l’armée…
Tout se résume dans cette déclaration de Paul Bert (franc-maçon et ministre de l’Instruction publique, en 1881-1882) : « La question de la forme de gouvernement est pour moi secondaire et, sur ce point, nous pourrions discuter (il s’adressait alors à un adversaire politique de convictions royalistes), mais il est entre nous un fossé infranchissable : vous êtes chrétien et moi je veux avant tout la destruction du christianisme ». Prise de position corroborée  par Clemenceau, qui fut, pendant de longues années, un inflexible persécuteur  de l’Eglise : « Depuis la Révolution, nous sommes en révolte contre l’Autorité divine et humaine avec qui nous avons d’un seul coup réglé un terrible compte le 21 janvier 1793 ».
Tout ceci s’est effectué à vitesse accélérée en un peu plus d’une trentaine d’années, depuis l’accession au pouvoir du régime républicain, en 1870.
La seconde grande cause de la guerre fut la volonté et la décision inexorables d’instaurer un gouvernement mondial, car dans ce plan et cette marche en avant, la guerre est indispensable à leur réalisation, ainsi que le clamait un responsable des plus hautes instances maçonniques : « L’humanité doit parvenir dans un laps de temps maintenant très bref, à créer un Etat mondial, sorte de gouvernement mondial, capable d’empêcher la guerre, sinon elle devra affronter un chaos permanent : le sentier de la guerre ou l’Etat mondial, tel est le choix de l’humanité ».
Tout ceci avait été prévu et préparé dans les loges afin de mettre en application les vues prophétiques de Comenius annoncées en 1665 (deux siècles et demi auparavant !) : « A la fin de la guerre, la papauté et la maison d’Autriche seront détruites dans un déluge de sang ».
La vision était juste : l’Empire austro-hongrois a été démantelé en 1918, quant à la papauté, elle n’a pas été engloutie dans le sang, mais le constat que nous pouvons faire aujourd’hui est en conformité avec les prévisions de Comenius ; comme nous le rappelions dans notre précédent n° 38 (juin), la Franc-maçonnerie semble parvenir à ses fins dans sa volonté (exprimée au début du XXesiècle) de tout mettre en œuvre pour obtenir « un pape à sa convenance ».
Nous n’avons effectué ici qu’un très bref condensé du contenu des trois gros volumes de l’œuvre de Mgr Delassus. Il est, à notre avis, suffisamment éclairant pour montrer que la déclaration de guerre du 3 août 1914, n’est pas seulement l’aboutissement de relations politiques ou diplomatiques entre la France et l’Allemagne qui ne sont pas parvenues à trouver un terrain d’entente pour éviter le désastre qui a mis l’Europe à feu et à sang. Il est clair, pour reprendre la formule de Jacques Bordiot, qu’au dessus des nations « Une main cachée dirige » (1) et manipule à sa guise les responsables et dirigeants politiques pour les conduire à prendre des décisions qui sont en pleine conformité avec ses plans de mise en place du gouvernement mondial. De la sorte, ceux qui apparaissent sur le devant de la scène ne sont que des pantins ou des marionnettes dont les attitudes et comportements sont dictés et commandés  par ceux qui tiennent les ficelles dans les coulisses, sans se préoccuper le moins du monde des conséquences désastreuses sur les populations civiles qui en pâtiront.
Il y a bien lieu, ici, de condamner avec véhémence les responsables de ces sociétés secrètes et autres cabinets de l’ombre  qui font bien peu de cas des êtres humains utilisés comme chair à canons pour parvenir à leurs fins. N’oublions jamais que ce sont eux qui, par leurs injonctions, sont les seuls responsables de la mort de 8 900 000 victimes sur les champs de batailles, de 1914 à 1918, auxquelles il faut ajouter 21 200 000 blessés, mutilés, invalides physiques ou atteints psychiquement.
Merci, messieurs les manipulateurs du gouvernement mondial, qui restez confortablement installés et calfeutrés, à l’abri dans vos  bureaux capitonnés !
Nous recommandons la lecture complète de la remarquable somme de Mgr Delassus, Les pourquoi de la Guerre mondiale(récemment réimprimée aux Editions Saint-Rémi). Elle se compose de trois forts volumes contenant ensemble 1380 pages.
Jérôme SEGUIN
1 – Voir son livre Une main cachée dirige. Le système du mondialisme (Editions du Trident, 3e éd., 2002).

Extrait du n° 39-40 – nouvelle série (juillet-août 2014) de Lecture et Tradition
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