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L’étrange pontificat du pape François

Il y a quelques mois (mars 2014, Editions du Sel) est paru  un petit livre portant ce titre, rédigé par un Argentin, compatriote du pape, qui a estimé qu’il était utile de porter à la connaissance du public ses doutes et ses inquiétudes au sujet des déclarations, prises de position et décisions de François. Du fait de leur origine commune, nous sommes enclins à estimer qu’il est en possession d’un certain nombre d’éléments probants lui permettant d’étayer son exposé.
Nous avions envisagé de nous entretenir avec lui, mais un emploi du temps chargé et le fait qu’il ne pratique pas de façon courante la langue française ne lui ont pas laissé la possibilité de nous répondre dans les délais assez courts, reconnaissons-le, que nous lui avions imposés.
Toutefois, avec son accord, nous allons avancer, pas à pas, dans le contenu de son ouvrage, chapitre après chapitre, en reprenant et reproduisant des extraits de ses propos, ce qui sera l’équivalent de ses réponses à  un entretien.
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Afin qu’il n’y ait aucune équivoque sur le sens de sa démarche, Alexandre Marie ouvre son livre par une courte introduction : En tant que catholique, me voir en conscience dans l’obligation d’émettre des critiques vis-à-vis du pape constitue pour moi une douleur immense, un véritable déchirement du cœur (…) Malheureusement, il se trouve que le pape François, en à peine un an de pontificat, a posé un grand nombre de gestes atypiques et a dit beaucoup de choses qui sont pour le moins troublantes. Les faits sont tellement nombreux que j’ai l’embarras du choix (…) Je vais énumérer ceux qui me semblent être les plus représentatifs du style qu’il a visiblement décidé de donner à l’exercice de sa charge apostolique (…) en essayant de montrer brièvement en quoi ils peuvent faire l’objet d’une critique réalisée à la lumière du magistère de l’Eglise.

Il est réel qu’aujourd’hui un grand nombre de catholiques sont troublés par ce qu’il faut bien nommer les bouleversements qui ébranlent l’Eglise depuis une cinquantaine d’années. Mais en même temps, ils appréhendent de porter des critiques trop sévères contre le pape dont ils admettent, finalement, les décisions et orientations. Il y a donc lieu, en préambule, de remonter en arrière pour rappeler que la crise actuelle dans l’Eglise n’est pas inattendue ; elle a été annoncée par la sainte Ecriture (l’abomination de la désolationet l’apostasie qui précède la venue de l’Antéchrist) et les papes nous ont prévenus en publiant les projets des sociétés secrètes. Ainsi, c’est à la demande de Pie IX que l’historien Jacques Crétineau-Joly publia en 1859, L’Eglise romaine en face de la Révolution, dans lequel figuraient des documents saisis par la police pontificale chez les dirigeants carbonari (membres de sociétés secrètes italiennes) exposant très clairement leur plan pour désagréger l’Eglise catholique en s’infiltrant dans son sein, jusqu’au sommet de sa hiérarchie. Parmi ces documents, il en est un daté de 1819, dont la conclusion est claire : « Ce que nous devons demander, ce que nous devons chercher et attendre, comme les Juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins ». Cela ne peut être plus explicite et permet de comprendre l’évolution de la hiérarchie catholique depuis la deuxième moitié du XIXe siècle et les assauts du libéralisme, pour se conclure avec le concile de Vatican II. Et nous savons bien que tout ce qui se trame dans les coulisses des sociétés secrètes depuis tant d’années est destiné, purement et simplement, à anéantir le catholicisme. Un ouvrage plus récent le montre et le confirme, écrit par Pierre Virion, en 1972 : Bientôt un gouvernement mondial. Une super et contre Eglise ? 1 Donc tout ce qui se déroule sous nos yeux aujourd’hui sont des étapes ou le franchissement de degrés supplémentaires pour parvenir à ce but, à la fois œuvre et vœu des volontés sataniques.
Il ne sert à rien de tergiverser ou de faire appel à des faux-fuyants : « qui n’est pas avec moi est contre moi » ; qui ne défend plus l’intégrité du dogme catholique, fait des concessions aux adversaires de l’Eglise et contribue à son affaiblissement, pour ne pas dire sa destruction ! Ainsi se comprend mieux le sens des propos tenus par le frère Pierre-Marie (O.P.), dans sa préface : « Le bilan que fait Alexandre Marie de la première année du pontificat est accablant. Que ce soit dans le domaine de l’œcuménisme au sens large (rapports avec l’islam et le judaïsme), dans celui de la liberté religieuse (rapports avec l’Etat), dans la morale, le nouveau pape prolonge en les accentuant, les actions de ses prédécesseurs (…) Mais, si cette première année est déjà riche en étrangetés, nous ne sommes pas au bout de nos peines. Dans quelle mesure Notre-Seigneur, qui a donné à son Eglise les promesses de son indéfectibilité, laissera-t-il aux hommes d’Eglise le loisir de fabriquer une autre Eglise, une super-Eglise fédérant plus ou moins les autres religions (c’est le rêve de la franc-maçonnerie) ? Certes, il n’y a qu’une Eglise “sainte, catholique, apostolique”, mais il y a aussi, c’est un fait, une nouvelle Eglise conciliaire en construction depuis cinquante ans, avec sa doctrine, sa liturgie, son droit canon, qui s’est installée comme un chancre dans l’Eglise catholique. On peut craindre, aussi, que le pouvoir des « medias » aux mains de l’ennemi et l’habileté diplomatique du nouveau pape ne parviennent à tromper, s’il était possible, une partie des traditionalistes ».
Extrait du n° 38 – nouvelle série (juin 2014) de Lecture et Tradition
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