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Entretien avec Joëlle d’Abbadie (extrait)

L. et T. : Complété par un quatrième volume (Histoire Sainte) que vous n’avez pas illustré (à l’exception de la couverture), l’ensemble de la Miche de Pain constitue un outil pédagogique de tout premier ordre, indispensable pour tous les parents soucieux de transmettre les vérités de la foi à leurs enfants. On peut ainsi dire que vous avez mis votre labeur, exceptionnelle accumulation de sacrifices et de superbe inspiration artistique, au service de la plus grande gloire de Dieu et de son règne sur la terre. A ce propos, il vient de paraître aux Editions de Chiré, un petit livre sous le titre « Bonne Maman » : Marie Tribou et la Miche de Pain, qui contient un certain nombre de « Souvenirs recueillis par ses enfants pour ses petits-enfants ». Vous avez certainement dû l’apprécier, vous permettant ainsi de mieux connaître l’auteur de la « merveilleuse » Miche de Pain ?
 
J. d’A. : Eh bien justement, je renvoie les lecteurs à ce petit livre de souvenirs de sa famille, intitulé Bonne Maman. L’abbé François Tribou – le fils de Marie Tribou – me l’avait donné lors de notre première prise de contact à Venasque. J’ai beaucoup aimé ce récit, et j’ai été émerveillée par la foi, la persévérance, le courage de Marie Tribou, sa fidélité à la mission dont elle avait été investie. Elle ne s’est jamais laissée décourager par des circonstances souvent terriblement ingrates. C’est très ingrat, souvent, de faire le catéchisme ! Pour tant d’enfants spontanément réceptifs aux choses de Dieu, il y en a tant qui s’ennuient, s’en moquent, que cela ne touche pas… C’est très mystérieux, cette disposition d’esprit, chez les tout petits enfants… On vérifie cela dans toutes les familles. Dans une même famille, vous racontez la même histoire, pourquoi ceux-ci sont-ils touchés, et ceux-là restent-ils indifférents ? Oui, c’est très mystérieux.

J’aurais vraiment beaucoup aimé connaître Marie Tribou. Sa Miche de Pain est une œuvre merveilleuse, vraiment. Le nombre incroyable d’enfants qui ont été marqués pour la vie par cette œuvre parle pour elle. Je crois qu’elle a réjoui le cœur de Dieu. Et moi, à ma place, des années plus tard, j’espère qu’elle a aimé ma manière de dessiner son texte. Pour moi, ce travail a été un cadeau ! Comme pour Resurrexi et Quid admiramini, ce sont des livres que j’ai l’impression d’avoir entièrement reçus, d’avoir été juste un crayon docile et très aimant… Pour La Miche de Pain, j’aurais aimé avoir le temps de refaire certains dessins ratés… mais c’était impossible, sous peine d’éterniser ces parutions déjà rallongées par ma lenteur…
 
L. et T. : Dans son avertissement, François-Xavier d’Hautefeuille écrit : « L’œuvre de la Miche de Pain est l’œuvre d’une vie, une vie de sacrifice et de dévouement à l’éducation religieuse des enfants. Je souhaite que la lecture de ce livre aide les mamans à se pénétrer de l’état d’esprit dans lequel la Miche de Pain a vu le jour et qu’elles transmettent le goût des choses du Bon Dieu à leurs enfants » (2). Tout est dit en ces quelques lignes. Il est simplement recommandé de prendre, sans tarder, connaissance de la description de cette vie exemplaire autant qu’édifiante présentée dans ce petit volume. A lire cette émouvante évocation, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec la comtesse de Ségur, quand elle en vint, après avoir enseigné les notions de la doctrine catholique à ses petits-enfants, à publier son livre, devenu très célèbre sous le titre de La Bible d’une grand-mère (3). Partagez-vous ce sentiment ?
 
J. d’A. : Vous avez raison de faire le parallèle entre Marie Tribou et la comtesse de Ségur, c’est tout à fait la même démarche. Je crois qu’elles se seraient beaucoup aimées si elles s’étaient rencontrées. Mais c’est chose faite maintenant au Ciel !
 
L. et T. : Votre travail est entièrement consacré à susciter chez les enfants le goût du beau et du bien. Vous accomplissez de la sorte un véritable apostolat afin de les préserver des influences nocives et néfastes qui contaminent l’ambiance générale contemporaine et visent à les déstruc­turer. Ils sont devenus les cibles privilégiées de ces agents de malheur, suppôts de Satan qui sont les êtres les plus malfaisants qui soient en s’attaquant ainsi et sans risques aux innocences de la jeunesse.
 
J. d’A. : Vous définissez mon travail d’une façon bien élogieuse, mais vous savez, je crois que c’est seulement ma façon à moi de faire le catéchisme ; je n’étais pas bonne du tout comme catéchiste, je bredouillais… alors que c’est une joie incroyable de le dessiner. On dit que chanter, c’est prier deux fois. J’ai l’impression que c’est la même chose pour tous les arts et artisanats religieux, c’est sûrement vrai pour les sculpteurs, les peintres, etc. Dieu est incroyablement bon de nous donner tout cela ! On peut en même temps imaginer la joie qu’il a eue Lui-même à créer… A notre tout petit niveau à nous, on sent déjà une telle joie !
 
 
Extrait du n° 27-28 – nouvelle série (juillet-août 2013) de Lecture et Tradition

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