Entretiens

Des livres pour les petits Chouans : trois questions à nos auteurs

Extrait des entretiens avec Mauricette Vial-Andru et Brigitte Lundi
Mauricette Vial-Andru

Lecture et Tradition : Vous venez de faire paraître une biographie de sainte Radegonde dédiée aux enfants. C’est impressionnant de voir que cette figure de l’Église eut une vie si riche en grâces et en péripéties, ainsi qu’une place si importante pour l’histoire de notre pays. Pourtant, elle paraît être complètement tombée dans l’oubli aujourd’hui, même dans les régions où elle vécut. Sauriez-vous l’expliquer ?

Mauricette Vial-Andru : Radegonde est peut-être oubliée à cause d’un préjugé à propos de son prénom, accusé d’une dissonance douloureuse à nos oreilles qui pourtant, en entendent bien d’autres ! Peut-être aussi parce que ce VIe siècle mérovingien nous semble bien lointain, bien éloigné de nos actuelles préoccupations. Pendant des décennies, le souvenir de la reine s’est estompé, et puis, le XIVe centenaire de sa mort, en 1987, a permis de redécouvrir son exceptionnelle personnalité. Et, si l’on cherche un peu, on constate que Radegonde n’est pas si oubliée que cela. En témoignent les quatre mille ex-voto qui entourent la crypte où elle repose (à Poitiers). En témoignent les églises, les chapelles, qui lui sont dédiées. En témoignent les communes et villages de France qui portent son nom.

L. et T. : Elle fut reine, épouse et moniale, en une époque bien ancienne, mais ne pensez-vous pas qu’elle puisse encore incarner un excellent modèle pour les jeunes filles de notre temps ?

M. V.-A. : Oui, Radegonde est un merveilleux modèle pour les jeunes filles d’aujourd’hui. Équilibrée et forte, elle fait entendre la voix de la raison dans des conflits qui s’élèvent dans son entourage. Généreuse, elle est sensible à la condition de tant de malades et de miséreux que connaît son époque et qu’elle secourt et soigne personnellement. Dans notre monde où ne cesse d’augmenter le nombre des pauvres, qui peut mieux entraîner à venir en aide aux plus démunis que cette reine qui accueille sans jamais discriminer personne ? Aimant la paix, elle la sauvegarde de tout son pouvoir. Elle sait pardonner : qui serait mieux placée que cette princesse étrangère devenue reine aimée du peuple qui massacra sa famille, pour enseigner le pardon ? Avec fermeté, elle s’oppose à Clotaire son mari mais elle le respecte. Elle déclare « qu’il est très excellent maître et roi ». Elle se préoccupe du salut de son âme, obtient de lui des actes de charité qui le grandissent. Elle ne revendique jamais et reste déférente : indépendante, très cultivée, elle n’a cependant rien d’une féministe ! (lire la suite dans notre numéro)

Brigitte Lundi

Lecture et Tradition : Voici que le troisième volume de la collection de livres pour enfants « Pour Dieu et le Roi… » des Éditions des Petits Chouans vient de paraître. Après avoir abordé les guerres de Vendée en général, puis le personnage de Cathelineau, vous nous présentez aujourd’hui la figure de Stofflet. Au vu de sa vie et de la place qu’il a eue dans l’histoire, il paraît assez singulier. Pourriez-vous nous en dépeindre ses différences et ses particularités de caractère, par rapport aux autres chefs vendéens ? De plus, il est originaire de Lorraine, n’est-ce pas curieux pour un « chouan » ?

Brigitte Lundi : En effet, Jean-Nicolas Stofflet dénote par rapport aux autres chefs vendéens. Sa famille est originaire de Souabe, en Allemagne, venue à Lunéville en Lorraine, chassée et persécutée par les protestants allemands, en réponse à la révocation de l’Édit de Nantes qui expulsait les Luthériens de France.

Stofflet est issu d’une famille modeste. Il est un soldat de métier qui a suivi son régiment, le Lorraine-Infanterie, essentiellement dans le nord du pays. Il est venu en Anjou à la demande du comte de Colbert pour s’occuper des domaines du gentilhomme. Une communauté lorraine était déjà bien installée à Maulévrier. Anne, la sœur du général, était la gouvernante des enfants du comte de Colbert. Stofflet n’arrivait donc pas en terrain totalement inconnu.

Ce général vendéen détone parce qu’il est tout d’un bloc. Il dit ce qu’il pense et il fait ce qu’il dit. Il n’est ni diplomate, ni courtisan, ni mondain. Il agissait avec ses hommes comme le caporal instructeur qu’il était, en ne prenant pas de gants et en bousculant parfois. Il a tout de même acquis la confiance des autres généraux, surtout Monsieur Henri, et des paysans qui le suivaient, rassurés par sa présence. Stofflet a également démontré des qualités d’organisateur en anticipant le soulèvement (il a fondu des balles en février-mars 1793) et en installant un village-hôpital dans la forêt de Vezins, véritable refuge lors des colonnes infernales.

Mais surtout, c’était un homme fidèle, fidèle à Dieu, au roi, au comte de Colbert, à la parole donnée enfin ! Le général bleu Hoche lui a proposé l’amnistie à condition de quitter la Vendée, ce que Stofflet a toujours refusé, ne voulant pas abandonner ses frères d’armes et leurs familles. Il mérite d’être mieux connu et mieux aimé. Trop souvent, on ne retient de lui que son côté tranchant et peu amène. (lire la suite dans notre numéro)

Propos recueillis par Marie de LACVIVIER

Extrait du n° 57 – nouvelle série (janvier 2016) de Lecture et Tradition
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1 thought on “Des livres pour les petits Chouans : trois questions à nos auteurs

  1. J'ai pu rencontrer Madame Vial-Andru à l'occasion de vos journées chouannes des 3 et 4 septembre 2016 . Merci de permettre ces rencontres car sans cela ce serait bien difficile !

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